24 Avoir plus la classe avec les objets¶
Dans le chapitre précédent, nous avons vu les bases sur comment créer une classe, les notions d'attributs d'instance et de classe, le fonctionnent d'un constructeur et comment passer des arguments lors de l'instanciation. Nous avons vu qu'une classe pouvait être vue comme un constructeur de conteneur (chaque conteneur construit est une instance), qu'on pouvait y mettre tout un tas de variables ou objets (les attributs d'instance), mais également nous pouvions définir des méthodes réalisant des actions pour modifier ce que contient l'objet.
Dans le présent chapitre, nous abordons de nouvelles notions qui augmentent la puissance des classes, à savoir le polymorphisme, l'héritage et la composition. Nous verrons également les décorateurs property permettant le contrôle de l'accès aux attributs. À la fin du chapitre, nous vous donnerons des bonnes pratiques pour construire vos classes. Mais avant d'aborder ces sujets, nous revenons sur un concept important en Python, à savoir les espaces de noms.
24.1 Espace de noms¶
La notion d'espace de noms est importante lorsqu'on étudie les classes. Nous avons déjà croisé ce concept à plusieurs reprises. D'abord dans le chapitre 13 Plus sur les fonctions, puis dans le chapitre 15 Création de modules, et maintenant dans ce chapitre. De quoi s'agit-il ?
Dans la documentation officielle, un espace de noms est défini comme suit : « a namespace is a mapping from names to objects ». Un espace de noms, c'est finalement une correspondance entre des noms et des objets. Un espace de noms peut être vu aussi comme une capsule dans laquelle on trouve des noms d'objets. Par exemple, le programme principal ou une fonction représentent chacun un espace de noms, un module aussi, et bien sûr une classe ou l'instance d'une classe également.
Différents espaces de noms peuvent contenir des objets de même nom sans que cela ne pose de problème. Parce qu'ils sont chacun dans un espace différent, ils peuvent cohabiter sans risque d'écrasement de l'un par l'autre. Par exemple, à chaque fois que l'on appelle une fonction, un espace de noms est créé pour cette fonction. Python Tutor nous montre cet espace sous la forme d'une zone dédiée (voir les chapitres 10 et 13 sur les fonctions). Si cette fonction appelle une autre fonction, un nouvel espace est créé, bien distinct de la fonction appelante (ce nouvel espace peut donc contenir un objet de même nom). En définitive, ce qui va compter, c'est de savoir quelles règles Python va utiliser pour chercher dans les différents espaces de noms pour finalement accéder à un objet.
Nous allons dans cette rubrique refaire le point sur ce que l'on a appris dans cet ouvrage sur les espaces de noms en Python, puis se pencher sur les spécificités de ce concept dans les classes.
24.1.1 Rappel sur la règle LGI¶
Comme vu dans le chapitre 10 Fonctions, la règle LGI peut être résumée ainsi : Local > Global > Interne. Lorsque Python rencontre un objet, il utilise cette règle de priorité pour accéder à la valeur de celui-ci. Si on est dans une fonction (ou une méthode), Python va d'abord chercher l'espace de noms local à cette fonction. S'il ne trouve pas de nom il va ensuite chercher l'espace de noms du programme principal (ou celui du module), donc des variables globales s'y trouvant. S'il ne trouve pas de nom, il va chercher dans les commandes internes à Python (on parle des Built-in Functions et des Built-in Constants). Si aucun objet n'est trouvé, Python renvoie une erreur.
24.1.2 Gestion des noms dans les modules¶
Les modules représentent aussi un espace de noms en soi. Afin d'illustrer cela, jetons un coup d’œil à ce programme test_var_module.py
:
import mod
i = 1000000
j = 2
print("Dans prog principal i:", i)
print("Dans prog principal j:", j)
mod.fct()
mod.fct2()
print("Dans prog principal i:", i)
print("Dans prog principal j:", j)
Le module mod.py
contient les instructions suivantes :
def fct():
i = -27478524
print("Dans module, i local:", i)
def fct2():
print("Dans module, j global:", j)
i = 3.14
j = -76
L'exécution de test_var_module.py
donnera :
$ python ./test_var_module.py
Dans prog principal i: 1000000
Dans prog principal j: 2
Dans module, i local: -27478524
Dans module, j global: -76
Dans prog principal i: 1000000
Dans prog principal j: 2
Lignes 3 et 4. On a bien les valeurs de i
et j
définies dans le programme principal de test.py
.
Lignes 9 et 10. Lorsqu'on exécute mod.fct()
, la valeur de i
sera celle définie localement dans cette fonction. Lorsqu'on exécute mod.fct2()
, la valeur de j
sera celle définie de manière globale dans le module.
Lignes 12 et 13. De retour dans notre programme principal, les variables i
et j
existent toujours et n'ont pas été modifiées par l'exécution de fonctions du module mod.py
.
En résumé, lorsqu'on lance une méthode d'un module, c'est l'espace de noms de celui-ci qui est utilisé. Bien sûr, toutes les variables du programme principal / fonction / méthode appelant ce module sont conservées telles quelles, et on les retrouve intactes lorsque l'exécution de la fonction du module est terminée. Un module a donc son propre espace de noms qui est bien distinct de tout programme principal / fonction / méthode appelant un composant de ce module. Enfin, les variables globales créées dans notre programme principal ne sont pas accessibles dans le module lorsque celui-ci est en exécution.
24.1.3 Gestion des noms avec les classes¶
On vient de voir qu'un module avait son propre espace de noms, mais qu'en est-il des classes ? En utilisant les exemples vus depuis le début de ce chapitre, vous avez certainement la réponse. Une classe possède par définition son propre espace de noms qui ne peut être en aucun cas confondu avec celui d'une fonction ou d'un programme principal. Reprenons un exemple simple :
class Citron:
def __init__(self, saveur="acide", couleur="jaune"):
self.saveur = saveur
self.couleur = couleur
print("Dans __init__(), vous venez de créer un citron:",
self.affiche_attributs())
def affiche_attributs(self):
return f"{self.saveur}, {self.couleur}"
if __name__ == "__main__":
saveur = "sucrée"
couleur = "orange"
print(f"Dans le programme principal: {saveur}, {couleur}")
citron1 = Citron("très acide", "jaune foncé")
print("Dans citron1.affiche_attributs():", citron1.affiche_attributs())
print(f"Dans le programme principal: {saveur}, {couleur}")
Lorsqu'on exécutera ce code, on obtiendra :
Dans le programme principal: sucrée, orange
Dans __init__(), vous venez de créer un citron: très acide, jaune foncé
Dans citron1.affiche_attributs(): très acide, jaune foncé
Dans le programme principal: sucrée, orange
Les deux variables globales saveur
et couleur
du programme principal ne peuvent pas être confondues avec les variables d'instance portant le même nom. Au sein de la classe, on utilisera pour récupérer ces dernières self.saveur
et self.couleur
. À l'extérieur, on utilisera instance.saveur
et instance.couleur
. Il n'y a donc aucun risque de confusion possible avec les variables globales saveur
et couleur
, on accède à chaque variable de la classe avec un nom distinct (qu'on soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la classe).
Ceci est également vrai pour les méthodes. Si par exemple, on a une méthode avec un certain nom, et une fonction du module principal avec le même nom, regardons ce qui se passe :
class Citron:
def __init__(self):
self.couleur = "jaune"
self.affiche_coucou()
affiche_coucou()
def affiche_coucou(self):
print("Coucou interne !")
def affiche_coucou():
print("Coucou externe")
if __name__ == "__main__":
citron1 = Citron()
citron1.affiche_coucou()
affiche_coucou()
Lorsqu'on va exécuter le code, on obtiendra :
À nouveau, il n'y a pas de conflit possible pour l'utilisation d'une méthode ou d'une fonction avec le même nom. À l'intérieur de la classe on utilise self.affiche_coucou()
pour la méthode et affiche_coucou()
pour la fonction. À l'extérieur de la classe, on utilise instance.affiche_coucou()
pour la méthode et affiche_coucou()
pour la fonction.
Dans cette rubrique, nous venons de voir une propriété des classes extrêmement puissante : une classe crée automatiquement son propre espace de noms. Cela permet d'encapsuler à l'intérieur tous les attributs et méthodes dont on a besoin, sans avoir aucun risque de conflit de nom avec l'extérieur (variables locales, globales ou provenant de modules). L'utilisation de classes évitera ainsi l'utilisation de variables globales qui, on l'a vu aux chapitres 10 et 13 sur les fonctions, sont à proscrire absolument. Tout cela concourt à rendre le code plus lisible.
Dans le chapitre 25 Fenêtres graphiques et Tkinter (en ligne), vous verrez une démonstration de l'utilité de tout encapsuler dans une classe afin d'éviter les variables globales.
24.1.4 Gestion des noms entre les attributs de classe et d'instance¶
Si vous lisez cette rubrique sur l'espace de noms sans avoir lu ce chapitre depuis le début, nous vous conseillons vivement de lire attentivement la rubrique Différence entre les attributs de classe et d'instance. La chose importante à retenir sur cette question est la suivante : si un attribut de classe et un attribut d'instance ont le même nom, c'est l'attribut d'instance qui est prioritaire.
Il existe d'autres règles concernant les espace de noms. L'une d'elle, que vous pourriez rencontrer, concerne la gestion des noms avec des fonctions imbriquées. Et oui, Python autorise cela ! Par exemple :
Là encore, il existe certaines règles de priorités d'accès aux objets spécifiques à ce genre de cas, avec l'apparition d'un nouveau mot-clé nommé nonlocal
. Toutefois ces aspects vont au-delà du présent ouvrage. Pour plus d'informations sur les fonctions imbriquées et la directive nonlocal
, vous pouvez consulter la documentation officielle.
D'autres subtilités concerneront la gestion des noms en cas de définition d'une nouvelle classe héritant d'une classe mère. Ces aspects sont présentés dans la rubrique Héritage de ce chapitre.
24.2 Polymorphisme¶
Nous allons voir maintenant des propriétés très importantes des classes en Python, le polymorphisme dans cette rubrique et l'héritage dans la suivante. Ces deux concepts donnent un surplus de puissance à la POO par rapport à la programmation classique.
24.2.1 Principe¶
Commençons par le polymorphisme. Dans la vie, celui-ci évoque la capacité à prendre plusieurs apparences, qu'en est-il en programmation ?
En programmation, le polymorphisme est la capacité d'une fonction (ou méthode) à se comporter différemment en fonction de l'objet qui lui est passé. Une fonction donnée peut donc avoir plusieurs définitions.
Prenons un exemple concret de polymorphisme : la fonction Python sorted()
va trier par ordre ASCII si l'argument est une chaîne de caractères, et elle va trier par ordre croissant lorsque l'argument est une liste d'entiers :
>>> sorted("citron")
['c', 'i', 'n', 'o', 'r', 't']
>>> sorted([1, -67, 42, 0, 81])
[-67, 0, 1, 42, 81]
Le polymorphisme est intimement lié au concept de redéfinition des opérateurs que nous avons déjà croisé à plusieurs reprises dans ce livre.
La redéfinition des opérateurs est la capacité à redéfinir le comportement d'un opérateur en fonction des opérandes utilisées (on rappelle dans l'expression 1 + 1
, +
est l'opérateur d'addition et les deux 1
sont les opérandes).
Un exemple classique de redéfinition des opérateurs concerne l'opérateur +
. Si les opérandes sont de type numérique, il fait une addition, si elles sont des chaînes de caractère il fait une concaténation :
Nous verrons dans la rubrique suivante sur l'héritage qu'il est également possible de redéfinir des méthodes d'une classe, c'est-à-dire leur donner une nouvelle définition.
24.2.2 Méthodes dunder ou magiques¶
Comment Python permet-il ces prouesses que sont le polymorphisme et la redéfinition des opérateurs ? Et bien, il utilise des méthodes dites dunder ou magiques.
Une méthode dunder (dunder method) est une méthode spéciale dont le nom est entouré de double underscores. Par exemple, la méthode .__init__()
est une méthode dunder. Ces méthodes sont, la plupart du temps, destinées au fonctionnement interne de la classe. Nombre d'entre elles sont destinées à changer le comportement de fonctions ou opérateurs internes à Python avec les instances d'une classe que l'on a créée. Le mot dunder signifie littéralement double underscore. On parle aussi parfois de méthodes magiques.
Nous allons prendre un exemple concret. Imaginons que suite à la création d'une classe, nous souhaitions que Python affiche un message personnalisé lors de l'utilisation de la fonction print()
avec une instance de cette classe. La méthode dunder qui permettra cela est nommée .__str__()
: elle redéfinit le comportement d'une instance avec la fonction print()
.
class CitronBasique:
def __init__(self, couleur="jaune", taille="standard"):
self.couleur = "jaune"
self.taille = "standard"
class CitronCool:
def __init__(self, couleur="jaune", taille="standard"):
self.couleur = couleur
self.taille = taille
def __str__(self):
return (f"Votre citron est de couleur {self.couleur} "
f"et de taille {self.taille}")
if __name__ == "__main__":
citron1 = CitronBasique()
print(citron1)
citron2 = CitronCool("jaune foncée", "minuscule")
print(citron2)
Lignes 1 à 4. Création d'une classe CitronBasique
dans laquelle il n'y a qu'un constructeur.
Lignes 7 à 14. Création d'une classe CitronCool
où nous avons ajouté la nouvelle méthode .__str__()
. Cette dernière renvoie une chaîne de caractères contenant la description de l'instance.
Lignes 18 à 21. On crée une instance de chaque classe, et on utilise la fonction print()
pour voir leur contenu.
L'exécution de ce code affichera la sortie suivante :
<__main__.CitronBasique object at 0x7ffe23e717b8>
Votre citron est de couleur jaune foncée et de taille minuscule 8-)
L'utilisation de la fonction print()
sur l'instance citron1
construite à partir de la classe CitronBasique
affiche le message abscons que nous avons déjà croisé. Par contre, pour l'instance citron2
de la classe CitronCool
, le texte correspond à celui retourné par la méthode dunder .__str__()
. Nous avons donc redéfini comment la fonction print()
se comportait avec une instance de la classe CitronCool
. Notez que str(citron2)
donnerait le même message que print(citron2)
.
Ce mécanisme pourra être reproduit avec de très nombreux opérateurs et fonctions de bases de Python. En effet, il existe une multitude de méthodes dunder, en voici quelques unes :
.__repr__()
: redéfinit le message obtenu lorsqu'on tape le nom de l'instance dans l'interpréteur ;.__add__()
: redéfinit le comportement de l'opérateur+
;.__mul__()
: redéfinit le comportement de l'opérateur*
;.__del__()
: redéfinit le comportement de la fonctiondel
.
Si on conçoit une classe produisant des objets séquentiels (comme des listes ou des tuples), il existe des méthodes dunder telles que :
.__len__()
: redéfinit le comportement de la fonctionlen()
;.__getitem__()
: redéfinit le comportement pour récupérer un élément ;.__getslice__()
: redéfinit le comportement avec les tranches.
Certaines méthodes dunder font des choses assez impressionnantes. Par exemple, la méthode .__call__()
crée des instances que l'on peut appeler comme des fonctions ! Dans cet exemple, nous allons vous montrer que l'on peut ainsi créer un moyen inattendu pour mettre à jour des attributs d'instance :
class Citronnier:
def __init__(self, nb_citrons, age):
self.nb_citrons, self.age = nb_citrons, age
def __call__(self, nb_citrons, age):
self.nb_citrons, self.age = nb_citrons, age
def __str__(self):
return (f"Ce citronnier a {self.age} ans "
f"et {self.nb_citrons} citrons")
if __name__ == "__main__":
citronnier1 = Citronnier(10, 3)
print(citronnier1)
citronnier1(30, 4)
print(citronnier1)
À la ligne 16, on utilise une notation instance(arg1, arg2)
, ce qui va automatiquement appeler la méthode dunder .__call__()
qui mettra à jour les deux attributs d'instance nbcitrons
et age
(lignes 5 et 6). Ce code affichera la sortie suivante :
- Nous vous avons montré l'idée qu'il y avait derrière le polymorphisme, et avec cela vous avez assez pour vous jeter à l'eau et commencer à construire vos propres classes. L'apprentissage de toutes les méthodes dunder va bien sûr au-delà du présent ouvrage. Toutefois, si vous souhaitez aller plus loin, nous vous conseillons la page de Trey Hunner qui est particulièrement complète et très bien faite. Une autre page qui a un peu vieilli mais reste intéressante est celle de Rafe Kettler. Enfin, nous développons les méthodes dunder
.__iter__()
et.__next__()
dans la rubrique sur les itérateurs du chapitre 26 Remarques complémentaires.
24.3 Héritage¶
24.3.1 Prise en main¶
L'héritage peut évoquer la capacité qu'ont nos parents à nous transmettre certains traits physiques ou de caractère (ne dit-on pas, j'ai hérité ceci ou cela de ma mère ou de mon père ?). Qu'en est-il en programmation ?
En programmation, l'héritage est la capacité d'une classe d'hériter des propriétés d'une classe pré-existante. On parle de classe mère et de classe fille. En Python, l'héritage peut être multiple lorsqu'une classe fille hérite de plusieurs classes mères.
En Python, lorsque l'on veut créer une classe héritant d'une autre classe, on ajoutera après le nom de la classe fille le nom de la ou des classe(s) mère(s) entre parenthèses :
class Mere1:
# contenu de la classe mère 1
class Mere2:
# contenu de la classe mère 2
class Fille1(Mere1):
# contenu de la classe fille 1
class Fille2(Mere1, Mere2):
# contenu de la classe fille 2
Dans cet exemple, la classe Fille1
hérite de la classe Mere1
et la classe Fille2
hérite des deux classes Mere1
et Mere2
. Dans le cas de la classe Fille2
, on parle d'héritage multiple. Voyons maintenant un exemple concret :
class Mere:
def bonjour(self):
return "Vous avez le bonjour de la classe mère !"
class Fille(Mere):
def salut(self):
return "Un salut de la classe fille !"
if __name__ == "__main__":
fille = Fille()
print(fille.salut())
print(fille.bonjour())
Lignes 1 à 3. On définit une classe Mere
avec une méthode .bonjour()
.
Lignes 6 à 8. On définit une classe Fille
qui hérite de la classe Mere
. Cette classe fille contient une nouvelle méthode .salut()
.
Lignes 12 à 14. Après instanciation de la classe Fille
, on utilise la méthode .salut()
, puis la méthode .bonjour()
héritée de la classe mère.
Ce code affiche la sortie suivante :
Nous commençons à entrevoir la puissance de l'héritage. Si on possède une classe avec de nombreuses méthodes et que l'on souhaite en ajouter de nouvelles, il suffit de créer une classe fille héritant d'une classe mère.
En revenant à notre exemple, une instance de la classe Fille
sera automatiquement une instance de la classe Mere
. Regardons dans l'interpréteur :
Si une méthode de la classe fille possède le même nom que celle de la classe mère, c'est la première qui prend la priorité. Dans ce cas, on dit que la méthode est redéfinie (en anglais on parle de method overriding), tout comme on parlait de redéfinition des opérateurs un peu plus haut. C'est le même mécanisme, car la redéfinition des opérateurs revient finalement à redéfinir une méthode dunder (comme par exemple la méthode .__add__()
pour l'opérateur +
).
Voyons un exemple :
class Mere:
def bonjour(self):
return "Vous avez le bonjour de la classe mère !"
class Fille2(Mere):
def bonjour(self):
return "Vous avez le bonjour de la classe fille !"
if __name__ == "__main__":
fille = Fille2()
print(fille.bonjour())
Ce code va afficher Vous avez le bonjour de la classe fille !
. La méthode .bonjour()
de la classe fille a donc pris la priorité sur celle de la classe mère. Ce comportement provient de la gestion des espaces de noms par Python, il est traité en détail dans la rubrique suivante.
À ce point, nous pouvons faire une note de sémantique importante. Python utilise le mécanisme de redéfinition de méthode (method overriding), c'est-à-dire qu'on redéfinit une méthode héritée d'une classe mère. Il ne faut pas confondre cela avec la surcharge de fonction (function overloading) qui désigne le fait d'avoir plusieurs définitions d'une fonction selon le nombres d'arguments et/ou leur type (la surcharge n'est pas supportée par Python contrairement à d'autres langages orientés objet).
24.3.2 Ordre de résolution des noms¶
Vous l'avez compris, il y aura un ordre pour la résolution des noms d'attributs ou de méthodes en fonction du ou des héritage(s) de notre classe (à nouveau, cela provient de la manière dont Python gère les espaces de noms). Prenons l'exemple d'une classe déclarée comme suit class Fille(Mere1, Mere2):
. Si on invoque un attribut ou une méthode sur une instance de cette classe, Python cherchera d'abord dans la classe Fille
. S'il ne trouve pas, il cherchera ensuite dans la première classe mère (Mere1
dans notre exemple). S'il ne trouve pas, il cherchera dans les ancêtres de cette première mère (si elle en a), et ce en remontant la filiation (d'abord la grand-mère, puis l'arrière grand-mère, etc). S'il n'a toujours pas trouvé, il cherchera dans la deuxième classe mère (Mere2
dans notre exemple) puis dans tous ses ancêtres. Et ainsi de suite, s'il y a plus de deux classes mères. Bien sûr, si aucun attribut ou méthode n'est trouvé, Python renverra une erreur.
Il est en général possible d'avoir des informations sur l'ordre de résolution des méthodes d'une classe en évoquant la commande help()
sur celle-ci ou une de ses instances. Par exemple, nous verrons dans le chapitre suivant le module Tkinter, imaginons que nous créions une instance de la classe principale du module Tkinter nommée Tk
:
En invoquant la commande help(racine)
, l'interpréteur nous montre :
Help on class Tk in module tkinter:
class Tk(Misc, Wm)
| Toplevel widget of Tk which represents mostly the main window
| of an application. It has an associated Tcl interpreter.
|
| Method resolution order:
| Tk
| Misc
| Wm
| builtins.object
[...]
On voit tout de suite que la classe Tk
hérite de deux autres classes Misc
et Wm
. Ensuite, le help indique l'ordre de résolution des méthodes : d'abord la classe Tk
elle-même, ensuite ses deux mères Misc
puis Wm
, et enfin une dernière classe nommée builtins.object
dont nous allons voir la signification maintenant.
En Python, il existe une classe interne nommée object
qui est en quelque sorte la classe ancêtre de tous les objets. Toutes les classes héritent de object
.
Pour vous en convaincre, nous pouvons recréer une classe vide :
Puis ensuite regarder l'aide sur l'une de ses instances :
Help on class Citron in module __main__:
class Citron(builtins.object)
| Data descriptors defined here:
|
| __dict__
| dictionary for instance variables (if defined)
[...]
L'aide nous montre que Citron
a hérité de builtins.object
bien que nous ne l'ayons pas déclaré explicitement. Cela se fait donc de manière implicite.
Le module builtins possède toutes les fonctions internes à Python. Il est donc pratique pour avoir une liste de toutes ces fonctions internes en un coup d'œil. Regardons cela avec les deux instructions import builtins
puis dir(builtins)
:
>>> import builtins
>>> dir(builtins)
['ArithmeticError', 'AssertionError', 'AttributeError', [...]
'ascii', 'bin', 'bool', 'bytearray', 'bytes', 'callable', 'chr', [...]
'list', 'locals', 'map', 'max', 'memoryview', 'min', 'next', 'object', [...]
'str', 'sum', 'super', 'tuple', 'type', 'vars', 'zip']
Au début, on y trouve les exceptions commençant par une lettre majuscule (voir le chapitre 26 Remarques complémentaires (en ligne) pour la définition d'une exception), puis les fonctions Python de base tout en minuscule. On retrouve par exemple list
ou str
, mais il y a aussi object
. Toutefois ces fonctions étant chargées de base dans l'interpréteur, l'importation de builtins
n'est pas obligatoire : par exemple list
revient au même que builtins.list
, ou object
revient au même que builtins.object
.
En résumé, la syntaxe class Citron:
sera équivalente à
class Citron(builtins.object):
ou à class Citron(object):
.
Ainsi, même si on crée une classe Citron
vide (contenant seulement une commande pass
), elle possède déjà tout une panoplie de méthodes héritées de la classe object
. Regardez l'exemple suivant :
>>> class Citron:
... pass
...
>>> c = Citron()
>>> dir(c)
['__class__', '__delattr__', '__dict__', '__dir__', '__doc__', '__eq__',
'__format__', '__ge__', '__getattribute__', '__gt__', '__hash__',
'__init__', '__le__', '__lt__', '__module__', '__ne__', '__new__',
'__reduce__', '__reduce_ex__', '__repr__', '__setattr__', '__sizeof__',
'__str__', '__subclasshook__', '__weakref__']
>>> o = object()
>>> dir(o)
['__class__', '__delattr__', '__dir__', '__doc__', '__eq__', '__format__',
'__ge__', '__getattribute__', '__gt__', '__hash__', '__init__', '__le__',
'__lt__', '__ne__', '__new__', '__reduce__', '__reduce_ex__', '__repr__',
'__setattr__', '__sizeof__', '__str__', '__subclasshook__']
La quasi-totalité des attributs / méthodes de base de la classe Citron
sont donc hérités de la classe object. Par exemple, lorsqu'on instancie un objet Citron c = Citron()
, Python utilisera la méthode .__init__()
héritée de la classe object (puisque nous ne l'avons pas définie dans la classe Citron
).
24.3.3 Un exemple concret d'héritage¶
Nous allons maintenant prendre un exemple un peu plus conséquent pour illustrer la puissance de l'héritage en programmation. D'abord quelques mots à propos de la conception. Imaginons que nous souhaitions créer plusieurs classes correspondant à nos fruits favoris, par exemple le citron (comme par hasard !), l'orange, le kaki, etc. Chaque fruit a ses propres particularités, mais il y a aussi de nombreux points communs. Nous pourrions donc concevoir une classe Fruit
permettant, par exemple, d'instancier un fruit et ajouter des méthodes d'affichage commune à n'importe quel fruit, et ajouter (ou toute autre méthode) pouvant être utilisée pour n'importe quel fruit. Nous pourrions alors créer des classes comme Citron
, Orange
, etc., héritant de la classe Fruit
et ainsi nous économiser des lignes de code identiques à ajouter pour chaque fruit. Regardons l'exemple suivant que nous avons garni de print()
pour bien comprendre ce qui se passe :
class Fruit:
def __init__(self, taille=None, masse=None, saveur=None, forme=None):
print("(2) Je suis dans le constructeur de la classe Fruit")
self.taille = taille
self.masse = masse
self.saveur = saveur
self.forme = forme
print("Je viens de créer self.taille, self.masse, self.saveur "
"et self.forme")
def affiche_conseil(self, type_fruit, conseil):
print("(2) Je suis dans la méthode .affiche_conseil() de la "
"classe Fruit\n")
return (f"Instance {type_fruit}\n"
f"taille: {self.taille}, masse: {self.masse}\n"
f"saveur: {self.saveur}, forme: {self.forme}\n"
f"conseil: {conseil}\n")
class Citron(Fruit):
def __init__(self, taille=None, masse=None, saveur=None, forme=None):
print("(1) Je rentre dans le constructeur de Citron, et je vais "
"appeler\n"
"le constructeur de la classe mère Fruit !")
Fruit.__init__(self, taille, masse, saveur, forme)
print("(3) J'ai fini dans le constructeur de Citron, "
"les attributs sont :\n"
f"self.taille: {self.taille}, self.masse: {self.masse}\n"
f"self.saveur: {self.saveur}, self.forme: {self.forme}\n")
def __str__(self):
print("(1) Je rentre dans la méthode .__str__() de la classe "
"Citron")
print("Je vais lancer la méthode .affiche_conseil() héritée "
"de la classe Fruit")
return self.affiche_conseil("Citron", "Bon en tarte :-p !")
if __name__ == "__main__":
# On crée un citron.
citron1 = Citron(taille="petite", saveur="acide",
forme="ellipsoïde", masse=50)
print(citron1)
Lignes 1 à 9. On crée la classe Fruit
avec son constructeur qui initialisera tous les attributs d'instance décrivant le fruit.
Lignes 11 à 17. Création d'une méthode .affiche_conseil()
qui retourne une chaîne contenant le type de fruit, les attributs d'instance du fruit, et un conseil de consommation.
Lignes 20 à 29. Création de la classe Citron
qui hérite de la classe Fruit
. Le constructeur de Citron
prend les mêmes arguments que ceux du constructeur de Fruit
. La ligne 24 est une étape importante que nous n'avons encore jamais vue : l'instruction Fruit.__init__()
est un appel au constructeur de la classe mère (cf. explications plus bas). Notez bien que le premier argument passé au constructeur de la classe mère sera systématiquement l'instance en cours self
. Le print()
en lignes 26-29 illustre qu'après l'appel du constructeur de la classe mère tous les attributs d'instance (self.taille
, self.poids
, etc.) ont bel et bien été créés.
Lignes 31 à 36. On définit la méthode .__str__()
qui va modifier le comportement de notre classe avec print()
. Celle-ci fait également appel à une méthode hértitée de la classe mère nommée .affiche_conseil()
. Comme on a l'a héritée, elle est directement accessible avec un self.méthode()
(et de l'extérieur ce serait instance.méthode()
).
Lignes 39 à 43. Dans le programme principal, on instancie un objet Citron
, puis on utilise print()
sur l'instance.
L'exécution de ce code affichera la sortie suivante :
(1) Je rentre dans le constructeur de Citron, et je vais appeler
le constructeur de la classe mère Fruit !
(2) Je suis dans le constructeur de la classe Fruit
Je viens de créer self.taille, self.masse, self.saveur et self.forme
(3) J'ai fini dans le constructeur de Citron, les attributs sont:
self.taille: petite, self.masse: 50
self.saveur: acide, self.forme: ellipsoïde
(1) Je rentre dans la méthode .__str__() de la classe Citron
Je vais lancer la méthode .affiche_conseil() héritée de la classe Fruit
(2) Je suis dans la méthode .affiche_conseil() de la classe Fruit
Instance Citron
taille: petite, masse: 50
saveur: acide, forme: ellipsoïde
conseil: Bon en tarte :-p !
Prenez bien le temps de suivre ce code pas à pas pour bien en comprendre toutes les étapes.
Vous pourrez vous poser la question « Pourquoi utilise-t-on en ligne 24 la syntaxe Fruit.__init__()
? ». Cette syntaxe est souvent utilisée lorsqu'une classe hérite d'une autre classe pour faire appel au constructeur de la classe mère. La raison est que nous souhaitons appeler une méthode de la classe mère qui a le même nom qu'une méthode de la classe fille. Dans ce cas, si on utilisait self.__init__()
, cela correspondrait à la fonction de notre classe fille Citron. En mettant systématiquement une syntaxe
ClasseMere.__init__()
on indique sans ambiguïté qu'on appelle le constructeur de la classe mère, en mettant explicitement son nom. Ce mécanisme est assez souvent utilisé dans le module Tkinter (voir le chapitre 25 Fenêtres graphiques et Tkinter (en ligne)) pour la construction d'interfaces graphiques, nous en verrons de nombreux exemples.
Si vous utilisez des ressources externes, il se peut que vous rencontriez une syntaxe super().__init__()
. La fonction Python interne super()
appelle automatiquement la classe mère sans que vous ayez à donner son nom. Même si cela peut paraître pratique, nous vous conseillons d'utiliser dans un premier temps la syntaxe
ClasseMere.__init__()
qui est selon nous plus lisible (on voit explicitement le nom de la classe employée, même s'il y a plusieurs classes mères).
Ce mécanisme n'est pas obligatoirement utilisé, mais il est très utile lorsqu'une classe fille a besoin d'initialiser des attributs définis dans la classe mère. On le croise donc souvent car :
- Cela donne la garantie que toutes les variables de la classe mère sont bien initialisées. On réduit ainsi les risques de dysfonctionnement des méthodes héritées de la classe mère.
- Finalement, autant ré-utiliser les « moulinettes » de la classe mère, c'est justement à ça que sert l'héritage ! Au final, on écrit moins de lignes de code.
Pour les deux raisons citées ci-dessus, nous vous conseillons de systématiquement utiliser le constructeur de la classe mère lors de l'instanciation.
Vous avez à présent bien compris le fonctionnement du mécanisme de l'héritage. Dans notre exemple, nous pourrions créer de nouveaux fruits avec un minimum d'effort. Ceux-ci pourraient hériter de la classe mère Fruit
à nouveau, et nous n'aurions pas à réécrire les mêmes méthodes pour chaque fruit, simplement à les appeler. Par exemple :
class Kaki(Fruit):
def __init__(self, taille=None, masse=None, saveur=None, forme=None):
Fruit.__init__(self, taille, masse, saveur, forme)
def __str__(self):
return Fruit.affiche_conseil(self, "Kaki",
"Bon à manger cru, miam !")
class Orange(Fruit):
def __init__(self, taille=None, masse=None, saveur=None, forme=None):
Fruit.__init__(self, taille, masse, saveur, forme)
def __str__(self):
return Fruit.affiche_conseil(self, "Orange", "Trop bon en jus !")
Cet exemple illuste la puissance de l'héritage et du polymorphisme et la facilité avec laquelle on les utilise en Python. Pour chaque fruit, on utilise la méthode .affiche_conseil()
définie dans la classe mère sans avoir à la réécrire. Bien sûr cet exemple reste simpliste et n'est qu'une « mise en bouche ». Vous verrez des exemples concrets de la puissance de l'héritage dans le chapitre 25 Fenêtres graphiques et Tkinter (en ligne) ainsi que dans les exercices du présent chapitre. Avec le module Tkinter, chaque objet graphique (bouton, zone de texte, etc.) est en fait une classe. On peut ainsi créer de nouvelles classes héritant des classes Tkinter afin de personnaliser chaque objet graphique.
24.4 Composition¶
Un autre concept puissant rencontré en POO est la composition.
La composition désigne le fait qu'une classe peut contenir des instances provenant d'autres classes. On parle parfois de classe Composite contenant des instances d'une classe Component (qu'on pourrait traduire par élément).
Pour vous illustrer cela, nous allons prendre un exemple sur notre fruit préféré, le citron. Un citron (classe Composite) contient de la pulpe (classe Component). Voilà comment nous pourrions l'implémenter :
class Pulpe:
def __init__(self, quantite_jus):
self.quantite_jus = quantite_jus # En cL.
def __str__(self):
return f"Cette pulpe contient {self.quantite_jus} cL de jus"
class Citron:
def __init__(self, pulpe=None):
self.pulpe = pulpe
def presse_citron(self):
if self.pulpe:
print(f"Le pressage de la pulpe délivre "
f"{self.pulpe.quantite_jus} cL de jus")
self.pulpe = None
else:
print("Il n'y a plus rien à presser dans votre citron !")
def __str__(self):
if self.pulpe:
return f"Votre citron contient {self.pulpe.quantite_jus} cL de jus"
else:
return "Ce citron ne contient pas de pulpe"
if __name__ == "__main__":
pulpe = Pulpe(10)
print(pulpe)
citron1 = Citron()
print(citron1)
print()
citron2 = Citron(pulpe)
print(citron2.pulpe)
print(citron2)
print()
citron2.presse_citron()
citron2.presse_citron()
print(citron2)
Lignes 1 à 6. On crée une classe Pulpe
qui prend en argument à l'instanciation une quantité de jus (en cL) qu'elle peut délivrer si on la presse.
Lignes 9 à 25. On crée une classe Citron
qui prend un objet Pulpe à l'instanciation. Si aucun objet est passé, on affecte None
. Cette classe contient une méthode .presse_citron()
qui pressera la pulpe pour délivrer le jus de citron. Une fois le pressage effectué, il n'y aura plus de jus à délivrer.
La sortie sera la suivante :
Cette pulpe contient 10 cL de jus
Ce citron ne contient pas de pulpe
Cette pulpe contient 10 cL de jus
Votre citron contient 10 cL de jus
Le pressage de la pulpe délivre 10 cL de jus
Il n'y a plus rien à presser dans votre citron !
Ce citron ne contient pas de pulpe
Dans cet exemple, la classe Citron
a utilisé une instance de la classe Pulpe
pour fonctionner. Un avantage de la composition est qu'on pourrait réutiliser cette classe Pulpe
dans une classe Orange
ou Pamplemousse
. Par ailleurs, si on change des détails dans la classe Pulpe
, cela affectera peu la classe Citron
à partir du moment où on garde l'attribut .quantite_jus
.
De manière générale, la composition est considérée comme plus flexible que l'héritage car les classes Composite et Component sont peu couplées. Le changement de l'une d'entre elle aura peu d'effet sur l'autre. Au contraire, pour l'héritage le changement d'une classe mère peut avoir des répercussions importantes pour les classes filles. Toutefois, dans certains cas l'héritage peut s'avérer plus naturel. Nous vous parlions en introduction du chapitre 23 Avoir la classe avec les objets de l'art pour concevoir des classes interagissant harmonieusement entre elles. Et bien nous y sommes !
Si on a deux classes A
et B
, la relation entre elles dans l'héritage sera de type B
is a A
(avec B
qui hérite de A
). Dans la composition, ce sera plutôt A
has a B
. Cela peut vous servir de piste dans la conception des relations entre vos classes. A-t-il plus de sens d'y avoir une relation is a ou bien has a ? Dans le premier cas vous irez plutôt vers l'héritage, alors que dans le deuxième plutôt vers la composition. C'est ici que le langage UML peut être pratique pour avoir une vision d'ensemble sur comment les classes interagissent entre elles.
Bien sûr, il faudra vous entraîner sur des cas concrets pour acquérir l'expérience qui vous mènera aux bons choix. A la fin de ce chapitre, nous vous présentons un exercice pour vous entraîner dans un premier temps à la composition. Dans le chapitre 25 Fenêtres graphiques et Tkinter (en ligne), vous aurez des illustrations et des exercices sur l'héritage qui est très utilisé en Tkinter.
Nous vous conseillons ce très bon article sur le site RealPython qui explique de manière approfondie la problématique entre la composition et l'héritage.
Le polymorphisme, l'héritage et la composition donnent toute la puissance à la POO. Toutefois, concevoir ses classes sur un projet, surtout au début de celui-ci, n'est pas chose aisée. Nous vous conseillons de lire d'autres ressources et de vous entraîner sur un maximum d'exemples. Si vous souhaitez allez plus loin sur la POO, nous vous conseillons de lire des ressources supplémentaires. En langue française, vous trouverez les livres de Gérard Swinnen, Bob Cordeau et Laurent Pointal, Vincent Legoff et Xavier Olive.
24.5 Différence entre les attributs de classe et d'instance¶
Dans cette rubrique, nous souhaitons éclairer le rôle des attributs de classe et des attributs d'instance, et comment ils sont gérés par Python.
On a vu dans le chapitre précédent comment créer un attribut de classe, il suffit de créer une variable au sein de la classe (en dehors de toute méthode). En général, les attributs de classe contiennent des propriétés générales à la classe puisqu'ils vont prendre la même valeur quelle que soit l'instance.
Au contraire, les attributs d'instance sont spécifiques à chaque instance. Pour en créer, on a vu qu'il suffisait de les initialiser dans la méthode .__init__()
en utilisant une syntaxe self.nouvel_attribut = valeur
. On a vu aussi dans la rubrique Ajout d'un attribut d'instance que l'on pouvait ajouter un attribut d'instance de l'extérieur avec une syntaxe instance.nouvel_attribut = valeur
.
Bien que les deux types d'attributs soient fondamentalement différents au niveau de leur finalité, il existe des similitudes lorsqu'on veut accéder à leur valeur. Le code suivant illustre cela :
class Citron:
forme = "ellipsoïde" # attribut de classe
saveur = "acide" # attribut de classe
def __init__(self, couleur="jaune", taille="standard", masse=0):
self.couleur = couleur # attribut d'instance
self.taille = taille # attribut d'instance
self.masse = masse # attribut d'instance (masse en gramme)
def augmente_masse(self, valeur):
self.masse += valeur
if __name__ == "__main__":
citron1 = Citron()
print("Attributs de classe :", citron1.forme, citron1.saveur)
print("Attributs d'instance :", citron1.taille, citron1.couleur,
citron1.masse)
citron1.augmente_masse(100)
print("Attributs d'instance :", citron1.taille, citron1.couleur,
citron1.masse)
Lignes 2 et 3. Nous créons deux variables de classe qui seront communes à toutes les instances (disons qu'un citron sera toujours ellipsoïde et acide !).
Lignes 6 à 8. Nous créons trois variables d'instance qui seront spécifiques à chaque instance (disons que la taille, la couleur et la masse d'un citron peuvent varier !), avec des valeurs par défaut.
Lignes 10 et 11. On crée une nouvelle méthode .augmente_masse()
qui augmente l'attribut d'instance .masse
.
Ligne 14 à 21. Dans le programme principal, on instancie la classe Citron
sans passer d'argument (les valeurs par défaut "jaune"
, "standard"
et 0
seront donc prises), puis on imprime les attributs.
La figure 1 montre l'état des variables après avoir exécuté ce code grâce au site Python Tutor.
Python Tutor montre bien la différence entre les variables de classe forme
et saveur
qui apparaissent directement dans les attributs de la classe Citron
lors de sa définition et les trois variables d'instance couleur
, taille
et masse
qui sont liées à l'instance citron1
. Pour autant, on voit dans la dernière instruction print()
qu'on peut accéder de la même manière aux variables de classe ou d'instance, lorsqu'on est à l'extérieur, avec une syntaxe instance.attribut
.
Au sein des méthodes, on accède également de la même manière aux attributs de classe ou d'instance, avec une syntaxe self.attribut
:
class Citron:
saveur = "acide" # attribut de classe
def __init__(self, couleur="jaune"):
self.couleur = couleur # attribut d'instance
def affiche_attributs(self):
print(f"attribut de classe: {self.saveur}")
print(f"attribut d'instance: {self.couleur}")
if __name__ == "__main__":
citron1 = Citron()
citron1.affiche_attributs()
Ce code va afficher la phrase :
En résumé, qu'on ait des attributs de classe ou d'instance, on peut accéder à eux de l'extérieur par instance.attribut
et de l'intérieur par self.attribut
.
Qu'en est-il de la manière de modifier ces deux types d'attributs ? Les attributs d'instance peuvent se modifier sans problème de l'extérieur avec une syntaxe instance.attribut_d_instance = nouvelle_valeur
et de l'intérieur avec une syntaxe self.attribut_d_instance = nouvelle_valeur
. Ce n'est pas du tout le cas avec les attributs de classe.
Les attributs de classe ne peuvent pas être modifiés ni à l'extérieur d'une classe via une syntaxe instance.attribut_de_classe = nouvelle_valeur
, ni à l'intérieur d'une classe via une syntaxe self.attribut_de_classe = nouvelle_valeur
. Puisqu'ils sont destinés à être identiques pour toutes les instances, cela est logique de ne pas pouvoir les modifier via une instance. Les attributs de classe Python ressemblent en quelque sorte aux attributs statiques du C++.
Regardons l'exemple suivant illustrant cela :
class Citron:
saveur = "acide"
if __name__ == "__main__":
citron1 = Citron()
print(citron1.saveur)
citron1.saveur = "sucrée"
print(citron1.saveur) # on regarde ici avec Python Tutor
del citron1.saveur
print(citron1.saveur) # on regarde ici avec Python Tutor
del citron1.saveur
À la ligne 7, on pourrait penser qu'on modifie l'attribut de classe saveur
avec une syntaxe instance.attribut_de_classe = nouvelle_valeur
. Que se passe-t-il exactement ? La figure 13 nous montre l'état des variables grâce au site Python Tutor. Celui-ci indique que la ligne 7 a en fait créé un nouvel attribut d'instance citron1.saveur
(contenant la valeur sucrée
) qui est bien distinct de l'attribut de classe auquel on accédait avant par le même nom ! Tout ceci est dû à la manière dont Python gère les espaces de noms (voir rubrique Espaces de noms). Dans ce cas, l'attribut d'instance est prioritaire sur l'attribut de classe.
À la ligne 9, on détruit finalement l'attribut d'instance citron1.saveur
qui contenait la valeur sucrée
. Python Tutor nous montre que citron1.saveur
n'existe pas dans l'espace Citron instance
qui est vide ; ainsi, Python utilisera l'attribut de classe .saveur
qui contient toujours la valeur acide
(cf. figure 13).
La ligne 11 va tenter de détruire l'attribut de classe .saveur
. Toutefois, Python interdit cela, ainsi l'erreur suivante sera générée :
Traceback (most recent call last):
File "test.py", line 11, in <module>
del citron1.saveur
^^^^^^^^^^^^^^
AttributeError: 'Citron' object has no attribute 'saveur'
En fait, la seule manière de modifier un attribut de classe est d'utiliser une syntaxe
NomClasse.attribut_de_classe = nouvelle_valeur
,
dans l'exemple ci-dessus cela aurait été Citron.saveur = "sucrée"
. De même, pour sa destruction, il faudra utiliser la même syntaxe : del Citron.saveur
.
Même si on peut modifier un attribut de classe, nous vous déconseillons de le faire. Une utilité des attributs de classe est par exemple de définir des constantes (mathématique ou autre), donc cela n'a pas de sens de vouloir les modifier ! Il est également déconseillé de créer des attributs de classe avec des objets modifiables comme des listes et des dictionnaires, cela peut avoir des effets désastreux non désirés. Nous verrons plus bas un exemple concret d'attribut de classe qui est très utile, à savoir le concept d'objet de type property.
Si vous souhaitez avoir des attributs modifiables dans votre classe, créez plutôt des attributs d'instance dans le .__init__()
.
24.6 Accès et modifications des attributs depuis l'extérieur¶
24.6.1 Le problème¶
On a vu jusqu'à maintenant que Python était très permissif concernant le changement de valeur de n'importe quel attribut depuis l'extérieur. On a vu aussi qu'il était même possible de créer de nouveaux attributs depuis l'extérieur ! Dans d'autres langages orientés objet ceci n'est pas considéré comme une bonne pratique. Il est plutôt recommandé de définir une interface, c'est-à-dire tout un jeu de méthodes accédant ou modifiant les attributs. Ainsi, le concepteur de la classe a la garantie que celle-ci est utilisée correctement du « côté client ».
Cette stratégie d'utiliser uniquement l'interface de la classe pour accéder aux attributs provient des langages orientés objet comme Java et C++. Les méthodes accédant ou modifiant les attributs s'appellent aussi des getters et setters (en français on dit accesseurs et mutateurs). Un des avantages est qu'il est ainsi possible de vérifier l'intégrité des données grâce à ces méthodes : si par exemple on souhaitait avoir un entier seulement, ou bien une valeur bornée, on peut facilement ajouter des tests dans le setter et renvoyer une erreur à l'utilisateur de la classe s'il n'a pas envoyé le bon type (ou la bonne valeur dans l'intervalle imposé).
Regardons à quoi pourrait ressembler une telle stratégie en Python :
class Citron:
def __init__(self, couleur="jaune", masse=0):
self.couleur = couleur
self.masse = masse # masse en g
def get_couleur(self):
return self.couleur
def set_couleur(self, value):
self.couleur = value
def get_masse(self):
return self.masse
def set_masse(self, value):
if value < 0:
raise ValueError("Z'avez déjà vu une masse négative ?")
self.masse = value
if __name__ == "__main__":
# définition de citron1
citron1 = Citron()
print(citron1.get_couleur(), citron1.get_masse())
# on change les attributs de citron1 avec les setters
citron1.set_couleur("jaune foncé")
citron1.set_masse(100)
print(citron1.get_couleur(), citron1.get_masse())
Lignes 6 à 10. On définit deux méthodes getters pour accéder à chaque attribut.
Lignes 12 à 18. On définit deux méthodes setters pour modifier chaque attribut. Notez qu'en ligne 16 nous testons si la masse est négative, si tel est le cas nous générons une erreur avec le mot-clé raise
(voir le chapitre 26 Remarques complémentaires (en ligne)). Ceci représente un des avantages des setters : contrôler la validité des attributs (on pourrait aussi vérifier qu'il s'agit d'un entier, etc.).
Lignes 22 à 28. Après instanciation, on affiche la valeur des attributs avec les deux fonctions getters, puis on les modifie avec les setters et on les affiche à nouveau.
L'exécution de ce code donnera la sortie suivante :
Si on avait mis citron1.set_masse(-100)
en ligne 26, la sortie aurait été la suivante :
jaune 0
Traceback (most recent call last):
File "getter_setter.py", line 27, in <module>
citron1.set_masse(-100)
File "getter_setter.py", line 17, in set_masse
raise ValueError("Z'avez déjà vu une masse négative ???")
ValueError: Z'avez déjà vu une masse négative ???
La fonction interne raise
nous a permis de générer une erreur, car l'utilisateur de la classe (c'est-à-dire nous dans le programme principal) n'a pas rentré une valeur correcte.
On comprend bien l'utilité d'une stratégie avec des getters et setters dans cet exemple. Toutefois, en Python, on peut très bien accéder et modifier les attributs même si on a des getters et des setters dans la classe. Imaginons la même classe Citron
que ci-dessus, mais on utilise le programme principal suivant (notez que nous avons simplement ajouté les lignes 9 à 12 ci-dessous) :
if __name__ == "__main__":
# définition de citron1
citron1 = Citron()
print(citron1.get_couleur(), citron1.get_masse())
# on change les attributs de citron1 avec les setters
citron1.set_couleur("jaune foncé")
citron1.set_masse(100)
print(citron1.get_couleur(), citron1.get_masse())
# on les rechange sans les setters
citron1.couleur = "pourpre profond"
citron1.masse = -15
print(citron1.get_couleur(), citron1.get_masse())
Cela donnera la sortie suivante :
Malgré la présence des getters et des setters, nous avons réussi à accéder et à modifier la valeur des attributs. De plus, nous avons pu mettre une valeur aberrante (masse négative) sans que cela ne génère une erreur !
Vous vous posez sans doute la question : mais dans ce cas, quel est l'intérêt de mettre des getters et des setters en Python ? La réponse est très simple : cette stratégie n'est pas une manière « pythonique » d'opérer (voir le chapitre 16 Bonnes pratiques en programmation Python pour la définition de « pythonique »). En Python, la lisibilité est la priorité. Souvenez-vous du Zen de Python « Readability counts » (voir le chapitre 16).
De manière générale, une syntaxe avec des getters et setters du côté client surcharge la lecture. Imaginons que l'on ait une instance nommée obj
et que l'on souhaite faire la somme de ses trois attributs x
, y
et z
:
La méthode pythonique est plus « douce » à lire, on parle aussi de syntactic sugar ou littéralement en français « sucre syntaxique ». De plus, à l'intérieur de la classe, il faut définir un getter et un setter pour chaque attribut, ce qui multiple les lignes de code.
Très bien. Donc en Python, on n'utilise pas comme dans les autres langages orientés objet les getters et les setters ? Mais, tout de même, cela avait l'air une bonne idée de pouvoir contrôler comment un utilisateur de la classe interagit avec certains attributs (par exemple, rentre-t-il une bonne valeur ?). N'existe-t-il pas un moyen de faire ça en Python ? La réponse est : bien sûr il existe un moyen pythonique, la classe property
. Nous allons voir cette nouvelle classe dans la prochaine rubrique et nous vous dirons comment opérer systématiquement pour accéder, modifier, voire détruire, chaque attribut d'instance de votre classe.
24.6.2 La solution : la classe property
¶
Dans la rubrique précédente, on vient de voir que les getters et setters traditionnels rencontrés dans d'autres langages orientés objet ne représentent pas une pratique pythonique. En Python, pour des raisons de lisibilité, il faudra dans la mesure du possible conserver une syntaxe instance.attribut
pour l'accès aux attributs d'instance, et une syntaxe instance.attribut = nouvelle_valeur
pour les modifier.
Toutefois, si on souhaite contrôler l'accès, la modification (voire la destruction) de certains attributs stratégiques, Python met en place une classe nommée property
. Celle-ci permet de combiner le maintien de la syntaxe lisible instance.attribut
, tout en utilisant en filigrane des fonctions pour accéder, modifier, voire détruire l'attribut (à l'image des getters et setters évoqués ci-dessus, ainsi que des deleters ou encore destructeurs en français). Pour faire cela, on utilise la fonction Python interne property()
qui crée un objet (ou instance) property
:
Les arguments passés à property()
sont systématiquement des méthodes dites callback, c'est-à-dire des noms de méthodes que l'on a définies précédemment dans notre classe, mais on ne précise ni argument, ni parenthèse, ni self
(voir le chapitre 25 Fenêtres graphiques et Tkinter (en ligne)). Avec cette ligne de code, attribut
est un objet de type property qui fonctionne de la manière suivante à l'extérieur de la classe :
- L'instruction
instance.attribut
appellera la méthode.accesseur()
. - L'instruction
instance.attribut = valeur
appellera la méthode
.mutateur()
. - L'instruction
del instance.attribut
appellera la méthode
.destructeur()
.
L'objet attribut
est de type property, et la vraie valeur de l'attribut est stockée par Python dans une variable d'instance qui s'appellera par exemple _attribut
(même nom, mais commençant par un underscore unique, envoyant un message à l'utilisateur qu'il s'agit d'une variable associée au comportement interne de la classe).
Comment cela fonctionne-t-il concrètement dans un code ? Regardons cet exemple (nous avons mis des print()
un peu partout pour bien comprendre ce qui se passe) :
class Citron:
def __init__(self, masse=0):
print("(2) J'arrive dans le .__init__()")
self.masse = masse
def get_masse(self):
print("Coucou je suis dans le get")
return self._masse
def set_masse(self, valeur):
print("Coucou je suis dans le set")
if valeur < 0:
raise ValueError("Un citron ne peut pas avoir"
" de masse négative !")
self._masse = valeur
masse = property(fget=get_masse, fset=set_masse)
if __name__ == "__main__":
print("(1) Je suis dans le programme principal, "
"je vais instancier un Citron")
citron = Citron(masse=100)
print("(3) Je reviens dans le programme principal")
print(f"La masse de notre citron est {citron.masse} g")
# On mange le citron.
citron.masse = 25
print(f"La masse de notre citron est {citron.masse} g")
print(citron.__dict__)
Pour une fois, nous allons commenter les lignes dans le désordre :
Ligne 17. Il s'agit de la commande clé pour mettre en place le système : masse
devient ici un objet de type property (si on regarde son contenu avec une syntaxe NomClasse.attribut_property
, donc ici Citron.masse
, Python nous renverra quelque chose de ce style : <property object at 0x7fd3615aeef8>
). Qu'est-ce que cela signifie ? Et bien la prochaine fois qu'on voudra accéder au contenu de cet attribut .masse
, Python appellera la méthode .get_masse()
, et quand on voudra le modifier, Python appellera la méthode .set_masse()
(ceci sera valable de l'intérieur ou de l'extérieur de la classe). Comme il n'y a pas de méthode destructeur (passée avec l'argument fdel
), on ne pourra pas détruire cet attribut : un del c.masse
conduirait à une erreur de ce type : AttributeError: can't delete attribute
.
Ligne 4. Si vous avez bien suivi, cette commande self.masse = masse
dans le constructeur va appeler automatiquement la méthode .set_masse()
. Attention, dans cette commande, la variable masse
à droite du signe =
est une variable locale passée en argument. Par contre, self.masse
sera l'objet de type property. Si vous avez bien lu la rubrique Différence entre les attributs de classe et d’instance, l'objet masse
créé en ligne 16 est un attribut de classe, on peut donc y accéder avec une syntaxe self.masse
au sein d'une méthode.
Notez bien l'utilisation de self.masse
dans le constructeur (en ligne 4) plutôt que self._masse
. Comme self.masse
appelle la méthode .set_masse()
, cela permet de contrôler si la valeur est correcte dès l'instanciation. C'est donc une pratique que nous vous recommandons. Si on avait utilisé self._masse
, il n'y aurait pas eu d'appel à la fonction mutateur et on aurait pu mettre n'importe quoi, y compris une valeur aberrante, lors de l'instanciation.
Lignes 6 à 15. Dans les méthodes accesseur et mutateur, on utilise la variable
self._masse
qui contiendra la vraie valeur de la masse du citron (cela serait vrai pour tout autre objet de type property).
Dans les méthodes accesseur et mutateur, il ne faut surtout pas utiliser self.masse
à la place de self._masse
. Pourquoi ? Par exemple, dans l'accesseur, si on met self.masse
cela signifie que l'on souhaite accéder à la valeur de l'attribut (comme dans le constructeur !). Ainsi, Python rappellera l'accesseur et retombera sur self.masse
, ce qui rappellera l'accesseur et ainsi de suite : vous l'aurez compris, cela partira dans une récursion infinie et mènera à une erreur du type RecursionError: maximum recursion depth exceeded
. Cela serait vrai aussi si vous aviez une fonction destructeur, il faudrait utiliser self._masse
.
L'exécution de ce code donnera :
(1) Dans le programme principal, je vais instancier un Citron
(2) J'arrive dans le .__init__()
Coucou je suis dans le set
(3) Je reviens dans le programme principal
Coucou je suis dans le get
La masse de notre citron est 100 g
Coucou je suis dans le set
Coucou je suis dans le get
La masse de notre citron est 25 g
{'_masse': 25}
Cette exécution montre qu'à chaque appel de self.masse
ou citron.masse
on va utiliser les méthodes accesseur ou mutateur. La dernière commande qui affiche le contenu de citron.__dict__
montre que la vraie valeur de l'attribut est stockée dans la variable d'instance ._masse
(instance._masse
de l'extérieur et self._masse
de l'intérieur).
24.6.3 Une meilleure solution : les décorateurs @property
, @attribut.setter
et @attribut.deleter
¶
Nous venons de voir les objets property pour contrôler l'accès, la mutation et la supression d'attributs. Toutefois la syntaxe est relativement lourde. Afin de la simplifier, une manière plus pythonique (sucre syntaxique) est d'utiliser un décorateur. La syntaxe pour décorer une fonction est la suivante :
La ligne 1 précise que fonction()
va être modifiée par une autre fonction nommée decorateur()
. Le symbole @
en ligne 1 attend un nom de fonction qui sera la fonction décoratrice. Pour plus de détails sur comment les décorateurs fonctionnent, vous pouvez consulter le chapitre 26 Remarques complémentaires où une rubrique leur est consacrée. Ici, nous avons juste à savoir qu'un décorateur est une fonction qui modifie le comportement d'une autre fonction.
En reprenant l'exemple vu dans la rubrique précédente, voici comment on peut l'écrire avec des décorateurs :
class Citron:
def __init__(self, masse=0):
print(f"(2) J'arrive dans le .__init__(), je vais mettre la masse = {masse}")
self.masse = masse
@property
def masse(self):
print("Coucou je suis dans le getter")
return self._masse
@masse.setter
def masse(self, valeur):
print("Coucou je suis dans le setter")
if valeur < 0:
raise ValueError("Un citron ne peut pas avoir"
" de masse négative !")
self._masse = valeur
@masse.deleter
def masse(self):
print("Coucou, je suis dans le deleter")
del self._masse
On voit que la syntaxe est plus lisible que celle de la rubrique précédente. Examinons les différences. La première chose est que les méthodes getter (ligne 7), setter (ligne 11) et deleter (ligne 19) s'appellent toutes .masse()
, masse
étant le nom de notre objet property. Comme dans la syntaxe de la rubrique précédente, la masse réelle se trouve dans un attribut nommée ._masse
pour ne pas confondre avec notre objet property. Afin de comprendre ce qu'il se passe, nous vous avons concocté le programme principal suivant avec des print()
un peu partout :
if __name__ == "__main__":
print("(1) Je suis dans le programme principal et "
"je vais instancier un Citron")
print()
citron = Citron(masse=100)
print()
print("(3) Je reviens dans le programme principal, je vais afficher "
"la masse du citron")
print(f"La masse de notre citron est {citron.masse} g")
print()
# On mange une partie du citron.
print("(4)Je suis dans le prog principal "
"et je vais changer la masse du citron")
citron.masse = 25
print()
print(f"(5) Je suis dans le prog principal, je vais afficher "
"la masse du citron")
print(f"La nouvelle masse de notre citron est {citron.masse} g")
print(f"L'attribut citron.__dict__ m'indique bien le nom réel "
f"de l'attribut contenant la masse :")
print(citron.__dict__)
print()
# On mange la fin du citron.
print(f"(6) Je suis dans le prog principal, "
f"je détruis l'attribut .masse")
del citron.masse
print(f"Ainsi, citron.__dict__ est maintenant vide :")
print(citron.__dict__)
L'exécution donnera la sortie suivante :
(1) Je suis dans le programme principal et je vais instancier un Citron
(2) J'arrive dans le .__init__(), je vais mettre la masse = 100
Coucou je suis dans le setter
(3) Je reviens dans le programme principal, je vais afficher la masse du citron
Coucou je suis dans le getter
La masse de notre citron est 100 g
(4)Je suis dans le prog principal et je vais changer la masse du citron
Coucou je suis dans le setter
(5) Je suis dans le prog principal, je vais afficher la masse du citron
Coucou je suis dans le getter
La nouvelle masse de notre citron est 25 g
L'attribut citron.__dict__ m'indique bien le nom réel de l'attribut contenant la masse :
{'_masse': 25}
(6) Je suis dans le prog principal, je détruis l'attribut .masse
Coucou, je suis dans le deleter
Ainsi, citron.__dict__ est maintenant vide :
{}
Examinez bien les phrases Coucou je suis dans [...]
et essayez de comprendre pourquoi elles apparaissent. Bien que nos trois méthodes soient définies comme def masse()
, vous pouvez constater qu'elles sont appelées lorsque on invoque citron.masse
, citron.masse = 25
ou del citron.masse
(à l'intérieur de la classe, ce serait self.masse
, self.masse = 25
ou del self.masse
). Autrement dit, on n'utilise jamais la syntaxe .masse()
. Ceci est justement dû au fait que .masse
est un objet de type property.
Lorsque vous souhaitez créer des objets property , nous vous conseillons la syntaxe pythonique @property
,@nom_attribut.setter
et @nom_attribut.deleter
plutôt que celle de la rubrique précédente avec la ligne masse = property(fget=get_masse, fset=set_masse, fdel=del_masse)
. Cette syntaxe améliore grandement la lisibilité.
24.6.4 Le décorateur @property
seul¶
Une méthode décorée avec @property
peut être utile seule sans avoir le setter et/ou le deleter correspondant(s). On rencontre cela lorsqu'on souhaite créer un « d'attribut dynamique » plutôt qu'avoir un appel de méthode explicite. Regardons un exemple :
class ADN:
def __init__(self):
self.sequence = []
def __repr__(self):
return f"La séquence de mon brin d'ADN est {self.sequence}"
def ajoute_base(self, nom_base):
self.sequence.append(nom_base)
@property
def len(self):
return len(self.sequence)
Voici un dans l'interpréteur :
>>> brin_adn = ADN()
>>> brin_adn.ajoute_base("A")
>>> brin_adn.ajoute_base("T")
>>> brin_adn
La séquence de mon brin d'ADN est ['A', 'T']
>>> brin_adn.len
2
>>> brin_adn.ajoute_atome("G")
>>> brin_adn
La séquence de mon brin d'ADN est ['A', 'T', 'G']
>>> brin_adn.len
3
Lorsqu'on utilise l'attribut brin_adn.len
, ceci invoque finalement l'appel de l'objet property len
qui, in fine, est une méthode. Ainsi, la valeur renvoyée sera calculée à chaque fois, bien que dans la syntaxe on n'a pas une notation .methode()
, mais plutôt .attribut
. Voilà pourquoi nous avons parlé d'attribut dynamique. Cela permet d'alléger la syntaxe quand il n'y a pas spécifiquement d'arguments à passer à la méthode qui se trouve derrière cet attribut.
24.7 Bonnes pratiques pour construire et manipuler ses classes¶
Nous allons voir dans cette rubrique certaines pratiques que nous vous recommandons lorsque vous construisez vos propres classes.
24.7.1 L'accès aux attributs¶
On a vu dans la rubrique Accès et modifications des attributs depuis l'extérieur que nous avions le moyen de contrôler cet accès avec la classe property. Toutefois, cela peut parfois alourdir inutilement le code, ce qui va à l'encontre de certains préceptes de la PEP 20 comme « Sparse is better than dense », « Readability counts », etc. (voir le chapitre 16 Bonnes pratiques en programmation Python).
Si on souhaite contrôler ce que fait le client de la classe pour certains attributs « délicats » ou « stratégiques », on peut utiliser la classe property. Toutefois, nous vous conseillons de ne l'utiliser que lorsque cela se révèle vraiment nécessaire, donc avec parcimonie. Le but étant de ne pas surcharger le code inutilement. Cela va dans le sens des recommandations des développeurs de Python (comme décrit dans la PEP8).
Les objets property ont deux avantages principaux :
- ils permettent de garder une lisibilité du côté client avec une syntaxe
instance.attribut
; - même si un jour vous décidez de modifier votre classe et de mettre en place un contrôle d'accès à certains attributs avec des objets property, cela ne changera rien du côté client. Ce dernier utilisera toujours
instance.attribut
ou
instance.attribut = valeur
. Tout cela contribuera à une meilleure maintenance du code client utilisant votre classe.
Certains détracteurs disent qu'il est parfois difficile de déterminer qu'un attribut est contrôlé avec un objet property. La réponse à cela est simple, dites-le clairement dans la documentation de votre classe via les docstrings (voir la rubrique ci-dessous).
24.7.2 Note sur les attributs publics et non publics¶
Certains langages orientés objet mettent en place des attributs dits privés dont l'accès est impossible de l'extérieur de la classe. Ceux-ci existent afin d'éviter qu'un client n'aille perturber ou casser quelque chose dans la classe. Les arguments auxquels l'utilisateur a accès sont dits publics.
En Python, il n'existe pas d'attributs privés comme dans d'autres langages orientés objet. L'utilisateur a accès à tous les attributs quels qu'ils soient, même s'ils contiennent un ou plusieurs caractère(s) underscore(s) (voir ci-dessous) !
Au lieu de ça, on parle en Python d'attributs publics et non publics.
En Python les attributs non publics sont des attributs dont le nom commence par un ou deux caractère(s) underscore. Par exemple, _attribut
, ou __attribut
.
La présence des underscores dans les noms d'attributs est un signe clair que le client ne doit pas y toucher. Toutefois, cela n'est qu'une convention, et comme dit ci-dessus le client peut tout de même modifier ces attributs.
Par exemple, reprenons la classe Citron
de la rubrique précédente dont l'attribut .masse
est contrôlé avec un objet property :
>>> citron = Citron()
Coucou je suis dans le set
>>> citron.masse
Coucou je suis dans le get
0
>>> citron.masse = -16
Coucou je suis dans le set
Traceback (most recent call last):
File "<stdin>", line 1, in <module>
File "<stdin>", line 11, in set_masse
ValueError: Un citron ne peut pas avoir de masse négative !
>>> citron.masse = 16
Coucou je suis dans le set
>>> citron.masse
Coucou je suis dans le get
16
>>> citron._masse
16
>>> citron._masse = -8364
>>> citron.masse
Coucou je suis dans le get
-8364
>>>
Malgré l'objet property
, nous avons pu modifier l'attribut non public ._masse
directement !
Il existe également des attributs dont le nom commence par deux caractères underscores. Nous n'avons encore jamais croisé ce genre d'attribut. Ces derniers mettent en place le name mangling.
Le name mangling, ou encore substantypage ou déformation de nom en français, correspond à un mécanisme de changement du nom d'un attribut selon si on est à l'intérieur ou à l'extérieur d'une classe.
Regardons un exemple :
class Citron:
def __init__(self):
self.__mass = 100
def get_mass(self):
return self.__mass
if __name__ == "__main__":
citron1 = Citron()
print(citron1.get_mass())
print(citron1.__mass)
Ce code va donner la sortie suivante :
100
Traceback (most recent call last):
File "mangling.py", line 12, in <module>
print(citron1.__mass)
^^^^^^^^^^^^^^
AttributeError: 'Citron' object has no attribute '__mass'
La ligne 12 du code a donc conduit à une erreur : Python prétend ne pas connaître l'attribut .__mass
. On pourrait croire que cela constitue un mécanisme de protection des attributs. En fait il n'en est rien, car on va voir que l'attribut est toujours accessible et modifiable. Si on modifiait le programme principal comme suit :
On obtiendrait en sortie le dictionnaire {'_Citron__mass': 100}
.
Le name mangling est donc un mécanisme qui transforme le nom self.__attribut
à l'intérieur de la classe en instance._NomClasse__attribut
à l'extérieur de la classe. Ce mécanisme a été conçu initialement pour pouvoir retrouver des noms d'attributs identiques lors de l'héritage. Si par exemple une classe mère et une classe fille ont chacune un attribut nommé __attribut
, le name mangling permet d'éviter les conflits de nom. Par exemple :
class Fruit:
def __init__(self):
self.__mass = 100
class Citron(Fruit):
def __init__(self):
Fruit.__init__(self)
self.__mass = 200
def print_masse(self):
print(self._Fruit__mass)
print(self.__mass)
if __name__ == "__main__":
citron1 = Citron()
citron1.print_masse()
Ce code affiche 100
puis 200
. La ligne 12 a permis d'accéder à l'attribut .__mass
de la classe mère Fruit
, et la ligne 13 a permis d'accéder à l'attribut .__mass
de la classe Citron
.
Le name mangling n'est donc pas un mécanisme de « protection » d'un attribut, il n'a pas été conçu pour ça. Les concepteurs de Python le disent clairement dans la PEP 8: « Generally, double leading underscores should be used only to avoid name conflicts with attributes in classes designed to be subclassed ».
Donc en Python, on peut tout détruire, même les attributs délicats contenant des underscores. Pourquoi Python permet-il un tel paradoxe ? Selon le concepteur de Python, Guido van Rossum : « We’re all consenting adults here », nous sommes ici entre adultes, autrement dit nous savons ce que nous faisons !
En résumé, n'essayez pas de mettre des barrières inutiles vers vos attributs. Cela va à l'encontre de la philosophie Python. Soignez plutôt la documentation et faites confiance aux utilisateurs de votre classe !
24.7.3 Classes et docstrings¶
Les classes peuvent bien sûr contenir des docstrings comme les fonctions et les modules. C'est d'ailleurs une pratique vivement recommandée. Voici un exemple sur notre désormais familière classe Citron
:
class Citron:
"""Voici la classe Citron.
Il s'agit d'une classe assez impressionnante qui crée des objets
citrons.
Par défaut une instance de Citron contient l'attribut de classe
saveur.
"""
saveur = "acide"
def __init__(self, couleur="jaune", taille="standard"):
"""Constructeur de la classe Citron.
Ce constructeur prend deux arguments par mot-clé
couleur et taille."""
self.couleur = couleur
self.taille = taille
def __str__(self):
"""Redéfinit le comportement avec print()."""
return f"saveur: {saveur}, couleur: {couleur}, taille: {taille}"
def affiche_coucou(self):
"""Méthode inutile qui affiche coucou."""
print("Coucou !")
Si on fait help(Citron)
dans l'interpréteur, on obtient :
Help on class Citron in module __main__:
class Citron(builtins.object)
| Citron(couleur='jaune', taille='standard')
|
| Voici la classe Citron.
|
| Il s'agit d'une classe assez impressionnante qui crée des objets
| citrons.
| Par défaut une instance de Citron contient l'attribut de classe
| saveur.
|
| Methods defined here:
|
| __init__(self, couleur='jaune', taille='standard')
| Constructeur de la classe Citron.
|
| Ce constructeur prend deux arguments par mot-clé
| couleur et taille.
|
| __str__(self)
| Redéfinit le comportement avec print().
|
| affiche_coucou(self)
| Méthode inutile qui affiche coucou.
|
[...]
|
| Data and other attributes defined here:
|
| saveur = 'acide'
Python formate automatiquement l'aide comme il le fait avec les modules (voir chapitre 15 Création de modules). Comme nous l'avons dit dans le chapitre 16 Bonnes pratiques en programmation Python, n'oubliez pas que les docstrings sont destinées aux utilisateurs de votre classe. Elles doivent donc contenir tout ce dont un utilisateur a besoin pour comprendre ce que fait la classe et comment l'utiliser.
Notez que si on instancie la classe citron1 = Citron()
et qu'on invoque l'aide sur l'instance help(citron1)
, on obtient la même page d'aide. Comme pour les modules, si on invoque l'aide pour une méthode de la classe
help(citron1.affiche_coucou)
, on obtient l'aide pour cette méthode seulement.
Toutes les docstrings d'une classe sont en fait stockées dans un attribut spécial nommé instance.__doc__
. Cet attribut est une chaîne de caractères contenant la docstring générale de la classe. Ceci est également vrai pour les modules, méthodes et fonctions. Si on reprend notre exemple ci-dessus :
>>> citron1 = Citron()
>>> print(citron1.__doc__)
Voici la classe Citron.
Il s'agit d'une classe assez impressionnante qui crée des objets
citrons.
Par défaut une instance de Citron contient l'attribut de classe
saveur.
>>> print(citron1.affiche_coucou.__doc__)
Méthode inutile qui affiche coucou.
L'attribut .__doc__
est automatiquement créé par Python au moment de la mise en mémoire de la classe (ou module, méthode, fonction, etc.).
24.7.4 Autres bonnes pratiques¶
Voici quelques points en vrac auxquels nous vous conseillons de faire attention :
- Une classe ne se conçoit pas sans méthode. Si on a besoin d'une structure de données séquentielles ou si on veut donner des noms aux variables (plutôt qu'un indice), utilisez plutôt les dictionnaires. Une bonne alternative peut être les namedtuples (voir la rubrique suivante).
-
Nous vous déconseillons de mettre comme paramètre par défaut une liste vide (ou tout autre objet séquentiel modifiable) :
Si vous créez des instances sans passer d'argument lors de l'instanciation, toutes ces instances pointeront vers la même liste. Cela peut avoir des effets désastreux. -
Ne mettez pas non plus une liste vide (ou tout autre objet séquentiel modifiable) comme attribut de classe.
Ici chaque instance pourra modifier la liste, ce qui n'est pas souhaitable. Souvenez-vous, la modification des attributs de classe doit se faire par une syntaxe Citron.attribut = valeur
(et non pas via les instances).
- Comme abordé dans la rubrique Différence entre les attributs de classe et d'instance, nous vous conseillons de ne jamais modifier les attributs de classe. Vous pouvez néanmoins les utiliser comme constantes.
-
Si vous avez besoin d'attributs modifiables, utilisez des attributs d'instance et initialisez-les dans la méthode
.__init__()
(et nulle part ailleurs). Par exemple, si vous avez besoin d'une liste comme attribut, créez la plutôt dans le constructeur :
Ainsi, vous aurez des listes réellement indépendantes pour chaque instance.
24.7.5 Namedtuples¶
Imaginons que l'on souhaite stocker des éléments dans un conteneur, que l'on puisse retrouver ces éléments avec une syntaxe conteneur.element
et que ces éléments soient non modifiables. On a vu ci-dessus, les classes ne sont pas faites pour cela, il n'est pas conseillé de les utiliser comme des conteneurs inertes, on les conçoit en général afin d'y créer aussi des méthodes. Dans ce cas, les namedtuples sont faits pour vous ! Ce type de conteneur est issu du module collections que nous avions évoqué dans le chapitre 14 Conteneurs.
>>> import collections
>>> Citron = collections.namedtuple("Citron", "masse couleur saveur forme")
>>> Citron
<class '__main__.Citron'>
>>> citron = Citron(10, "jaune", "acide", "ellipsoide")
>>> citron
Citron(masse=10, couleur='jaune', saveur='acide', forme='ellipsoide')
>>> citron.masse
10
>>> citron.forme
'ellipsoide'
Lignes 2 à 4. La fonction namedtuple()
renvoie une classe qui sert à créer de nouveaux objets citrons. Attention cette classe est différente de celles que l'on a rencontrées jusqu'à maintenant, car elle hérite de la classe builtins.tuple
(on peut le voir en faisant help(Citron)
). En ligne 2, on passe en argument le nom de la classe souhaitée (i.e. Citron
), puis une chaîne de caractères avec des mots séparés par des espaces qui correspondront aux attributs (on pourrait aussi passer une liste ["masse", "couleur", "saveur", "forme"]
).
Ligne 5. On instancie un nouvel objet citron
.
Lignes 6 à 11. On peut retrouver les différents attributs avec une syntaxe instance.attribut
.
Mais dans namedtuple, il y a tuple ! Ainsi, l'instance citron
hérite de tous les attributs des tuples :
>>> citron[0]
10
>>> citron[3]
'ellipsoide'
>>> citron.masse = 100
Traceback (most recent call last):
File "<stdin>", line 1, in <module>
AttributeError: can't set attribute
>>> for elt in citron:
... print(elt)
...
10
jaune
acide
ellipsoide
Lignes 1 à 4. On peut retrouver les attributs également par indice.
Lignes 5 à 8. Les attributs / éléments sont non modifiables !
Lignes 9 à 15. Les namedtuples sont itérables.
Un namedtuple est non modifiable, mais on peut en générer un nouveau avec la méthode ._replace()
, à l'image de la méthode .replace()
pour les chaînes de caractères :
>>> citron._replace(masse=30)
Citron(masse=30, couleur='jaune', saveur='acide', forme='ellipsoide')
>>> citron
Citron(masse=10, couleur='jaune', saveur='acide', forme='ellipsoide')
>>> citron = citron._replace(masse=30)
>>> citron
Citron(masse=30, couleur='jaune', saveur='acide', forme='ellipsoide')
Lignes 1 et 2. On crée un nouveau namedtuples avec la méthode ._replace()
. Notez qu'il faut passer un (ou plusieurs) argument(s) par mot-clé à cette méthode désignant les attributs à modifier.
Lignes 3 et 4. L'objet initial citron
est intact puisqu'un namedtuples est non modifiable.
Lignes 5 à 7. En ré-affectant ce que renvoie la méthode ._replace()
dans dans un objet de même nom citron
, on peut faire évoluer son contenu comme on a pu le faire avec les chaînes de caractères.
Enfin, il est possible de convertir un namedtuple en dictionnaire (ordonné) avec la méthode ._asdict()
:
>>> citron._asdict()
OrderedDict([('masse', 10), ('couleur', 'jaune'), ('saveur', 'acide'), ('forme', 'ellipsoide')])
Quand utiliser les namedtuples ? Vous souvenez-vous de la différence entre les listes et les dictionnaires ? Ici, c'est un peu la même chose entre les tuples et les namedtuples. Les namedtuples permettent de créer un code plus lisible en remplaçant des numéros d'indice par des noms. Le fait qu'ils soient non modifiables peut aussi avoir un avantage par rapport à l'intégrité des données. Si vous trouvez les namedtuples limités, sachez que vous pouvez créer votre propre classe qui hérite d'un namedtuple afin de lui ajouter de nouvelles méthodes « maison ».
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le très bon article de Dan Bader.
24.8 Note finale de sémantique¶
Jusqu'à présent, lorsque nous avons évoqué les outils pour créer ou convertir des objets Python tels que int()
, list()
, range()
, etc., nous avons toujours parlé de fonctions. Ceci parce-que nous avions une syntaxe fonction()
, c'est-à-dire fonction
suivie de parenthèses ()
. Toutefois, vous vous êtes peut-être déjà demandé pourquoi Python indiquait class
lorsqu'on tapait le nom de ces fonctions dans l'interpréteur (ou en invoquant help()
) :
>>> int
<class 'int'>
>>> list
<class 'list'>
>>> range
<class 'range'>
>>> property
<class 'property'>
Et bien, c'est parce-que ce sont bel et bien des classes ! Donc, lorsqu'on invoque par exemple liste1 = list()
, on crée finalement une instance de la classe list
. Python ne met pas list
en CamelCase car ce sont des classes natives (built-in classes). En effet, les auteurs de Python ont décidé que les classes et fonctions natives sont en minuscules, et les exceptions en CamelCase (voir ce lien).
Finalement, la création d'une instance à partir d'une classe ou l'appel d'une fonction possède la même syntaxe mot_clé()
:
>>> class Citron:
... pass
...
>>> Citron()
<__main__.Citron object at 0x7fb776308a10>
>>> def fct():
... return "Coucou"
...
>>> fct()
'Coucou'
On peut le voir aussi quand on invoque l'aide sur un de ces outils, par exemple help(int)
:
Help on class int in module builtins:
class int(object)
| int([x]) -> integer
| int(x, base=10) -> integer
[...]
Il est bien précise que int
est une classe.
Si on prend des fonctions natives (built-in functions) de Python comme len()
ou sorted()
, l'interpréteur nous confirme bien qu'il s'agit de fonctions :
Par conséquent, d'un point de vue purement sémantique nous devrions parler de classe plutôt que de fonction pour les instructions comme list()
, range()
, etc. Toutefois, nous avons décidé de garder le nom fonction pour ne pas compliquer les premiers chapitres de ce cours.
24.9 Exercices¶
Pour ces exercices, créez des scripts puis exécutez-les dans un shell.
24.9.1 Classe molécule¶
Pour illustrer le mécanisme de la composition en POO, on se propose de créer un programme molecule.py
qui permettra de décrire une molécule en utilisant les classes. Nous allons créer une classe représentant une molécule (qui sera notre classe Composite) et celle-ci contiendra des instances d'une classe décrivant un atome (classe Component). On se propose de tester cela sur la molécule simple de benzene. Vous aurons besoin du fichier benzene.pdb
pour réaliser cet exercice.
Après les import nécessaires, le programme contiendra une constante donnant les masses des atomes sous forme de dictionnaire : ATOM_MASSES = {"C": 12.0, "O": 16.0, "H": 1.0}
.
Créer une classe Atom
en vous inspirant des exercices du chapitre 23 Avoir la classe avec les objets. Cette classe devra instancier des objets contenant les attributs d’instance suivants :
- nom d’atome (par exemple
C1
) - type d’atome (une seule lettre, déduit du nom d’atome, par exemple
C
) - coordonnée \(x\)
- coordonnée \(y\)
- coordonnée \(z\)
Le nom d’atome et coordonnées cartésiennes seront passés au constructeur.
Ajouter les méthodes calc_distance()
, calc_com()
(center of mass). Ajouter une méthode mute_atom(name)
qui change le nom de l’atome, où name
est un nouveau nom d’atome (par exemple O1
). Cette méthode changera également l’attribut d’instance décrivant le type d’atome.
Créer une classe Molecule
qui construit les attributs d’instance :
- Nom de la molécule
- Une liste d’atomes (vide à l’instanciation) : list_atoms
- Une liste indiquant la connectivité (la liste des atomes connectés, vide à l’instanciation) : list_connectivity
Le constructeur prendra en argument seulement le nom de la molécule.
Créer une méthode add_atom(atom)
qui vérifie si l’argument passé est bien une instance de la classe Atom
, et qui ajoute atom
dans la liste d’atomes.
Créer une autre méthode build_mlc_from_pdb(filename)
qui prend en argument un nom de fichier pdb. La méthode lit le fichier pdb, et pour chaque atome lu, crée une instance de la classe Atom
, et ajouter celle-ci à list_atoms
.
Ajouter une méthode calc_mass()
qui calcule et renvoie masse de la molécule.
Créer une méthode calc_com()
qui cette fois-ci calcule et renvoie le centre de masse de la molécule entière.
Ajouter la méthode calc_connectivity()
qui calcule et renvoie une liste décrivant la connectivité entre les atomes. Deux atomes sont considérés connectés s’il y a une liaison covalente entre eux, on peut pour cela calculer la distance entre eux qui doit être inférieure à 1.6 Å. La liste de connectivité pourra être construite dans ce style : [("C1", "H1"), ("C1", "C2"), ...]
.
Chaque paire d’atome doit apparaitre une seule fois (pas de [("C1", "H1"), [("H1", "C1"), ...]
.
Créer une méthode spéciale affichant les caractéristiques de la molécule lorsqu’on utilise print()
avec une instance de cette classe Molecule
, par exemple print(benzene)
. Cette méthode pourra par exemple afficher avant d’avoir créé la molécule :
Ou bien, lorsque la molécule est créée et la connectivité déterminée, elle s’affichera comme ceci :
Molecule benzene
atom C1, type C, mass = 12.0 amu, coor( -2.145, 0.973, -0.003)
atom H1, type H, mass = 1.0 amu, coor( -3.103, 0.460, -0.005)
[...]
Connectivity
C1 connected to H1
C1 connected to C2
[...]
Pour lancer le programme dans un premier temps, vous pourrez instancier une molécule benzene, puis y ajouter les atomes :
if __name__ == "__main__":
benzene = Molecule("benzene")
print(benzene)
benzene.build_mlc_from_pdb("benzene.pdb")
print(benzene)
Dans un deuxième temps, le programme principal calculera la masse et le centre de masse de benzene et les affichera. Muter ensuite l’atome H1
en O1
et recalculer la masse et le centre de masse et les afficher.
Pour aller plus loin, vous pouvez ajouter une méthode qui calcule et affiche un graphe de la molécule avec le module networkx. La page de tutorial pourra vous être utile.
Par exemple :